Dans l'océan d'ennui qu'était le mien lors des cours de catéchisme, dans mon jeune temps, il y avait, de temps à autres, de petites vaguelettes d'intérêt qui surgissaient inopinément. Parmi celles-ci, je me remémore encore d'une expression qui m'avait marquée, issue de je ne sais trop quel Évangile :
Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : Laisse-moi ôter une paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère.
Je me souviens m'être demandé comment quelqu'un pouvait se rentrer une poutre dans l’œil sans s'en apercevoir, mais l'enseignante, qui ne semblait pas apprécier ces questionnements métaphysiques que je considérais pourtant être de la plus haute importance, eut tôt fait de me rappeler à l'ordre en m'expliquant que c'était une parabole et qu'il ne fallait pas la prendre au pied de la lettre — suite à quoi je demandai ce qu'était une parabole et pourquoi Jésus prononçait des mots qu'il ne fallait pas écouter, pour me retrouver subséquemment, après quelques péripéties qui m'échappent, dans le bureau d'un directeur hélas tout aussi peu enclin à partager mes considérations théologiques.
Bref, je m'égare — considérant l'étendue actuelle de mes connaissances religieuses, je ne peux heureusement m'égarer très loin — mais il reste que cette parabole représente parfaitement un problème relativement répondu chez une catégorie d'automobilistes, ainsi que chez une catégorie de cyclistes : décider qu'un acte illégal, même anodin, mérite une peine exemplaire tout en commettant soi-même d'autres actes illégaux... Dans ce billet, je m'intéresse à deux vidéos récemment publiées, l'une sur une page Facebook nommée ''L'heure juste du camionneur'' et l'autre sur une page personnelle, mais vues plusieurs centaines de milliers de fois, et qui présentent exactement cette tare.